Texte 7 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Oguma Eiji [小熊英二] (dir.), Heisei shi [平成史, Histoire de l’ère Heisei], Tokyo, Kawade shobō shinsha [河出書房新社], édition revue et augmentée, [2012] 2014, p. 100.

Objectif et composition de ce chapitre : comment analyser les gouvernements de l’ère Heisei ?

Durant le quart de siècle qui s’est écoulé depuis le début de l’ère Heisei se sont succédés au pouvoir une foule de premiers ministres dont il est difficile de tous se souvenir. Durant les 25 ans de l’ère Heisei qui vont du gouvernement de Takeshita Noboru à celui d’Abe Shinzō, le nombre total de premiers ministres s’élève à 17, soit le même nombre que celui des premiers ministres en fonction durant les 43 ans et demi de la période d’après-guerre de l’ère Showa, du gouvernement du Prince Higashikuni Naruhiko à celui de Takeshita Noboru.

Comme ces chiffres le montrent bien, la période Heisei a été caractérisée par une instabilité gouvernementale durable, souvent qualifiée de « désordre », de « confusion » et d’« errance ». En comparaison, les gouvernements de la seconde période Shōwa, associés au « système de 1955 », apparaissent au contraire comme extrêmement stables. Pour cette raison, on entend souvent des nostalgiques des gouvernements de l’ère Shōwa inviter à un retour au système de 1955. L’insistance répétée, des parlementaires et des analystes politiques âgés notamment, à embellir les figures politiques de la période précédente et à en appeler à un rétablissement du système des circonscriptions électorales de taille moyenne en est sans doute le meilleur exemple. Mais, même si l’on considère que certains arguments de ces discours sont valides, la vaine comparaison entre les ères Shōwa et Heisei, les louanges adressées à la période précédente et la volonté d’un retour en arrière sont des discours vides de sens. Après être passé après-guerre par une phase de croissance économique rapide, le Japon est confronté aux soucis post-croissance des pays développés – voilà où nous en sommes aujourd’hui. Si l’on considère que la situation actuelle difficile du Japon provient de ce que les problèmes à venir n’ont pas été correctement anticipés, on peut affirmer à l’inverse que ce sont justement les gouvernements de l’ère Shōwa qui n’ont pas fait les bons choix.