Texte 6 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Source : Ubukata Tō [冲方丁], « Daikon : dai sensō wo iki nokotta heiwashugisha [大根 大戦争を生き残った平和主義者 ; Le radis blanc, pacifiste survivant de la grande guerre] » dans Asai Ryō [朝井リョウ] et alii, Sakka no kōfuku: okawari [作家の口福 おかわり ; Les Plaisirs de bouche des écrivains, deuxième fournée], Tokyo, Asahi shinbun shuppan [朝日新聞出版 ; éditions du journal Asahi​], « Asahi Bunko [朝日文庫] », 2016, p. 49.

Quand on parle de nourriture, ma préférence va incontestablement à la viande, mais j’ai aussi des souvenirs du côté des légumes.

Et en premier lieu, avec le radis blanc. Pour moi, le radis blanc, c’est un symbole du pacifisme.

Avant le tremblement de terre, mon occupation préférée était mon jardin potager. Tout a commencé quand ma mère m’a offert une azalée pour me féliciter de mon prix littéraire et que je l’ai plantée moi-même dans le jardin.

Travailler la terre m’a plu et, dans mon élan, j’ai acheté différents plants que j’ai replanté dans un petit espace transformé en jardin potager.

J’avais en tête un monde tout droit sorti d’un livre d’images. Je m’imaginais des fleurs et des légumes alignés en rang d’oignon brillant dans le soleil, contenu merveilleux d’un coffre aux trésors.

Mais le résultat avait plus l’allure d’une grande et terrible guerre. C’est ainsi que j’ai appris que les plantes aussi se battent. Pour agrandir leur domaine, elles sécrètent des substances chimiques pour affaiblir les autres plantes ou les privent de lumière après les avoir terrassées en les entourant de leurs lianes.

Les patates douces ont d’abord été expulsées par les plants de pastèque. Avec une force impressionnante, leurs lianes ont enserré les plants et les ont fait mourir.