Texte 10 - proposition de traduction, groupe N. Pinet

Source : Ōsato Toshiharu [大里俊晴], Gaseneta no kōya [ガセネタの荒野 ; Les Landes de Gaseneta], Chōfu, Getsuyōsha [月曜社], [1992] 2011, p. 3.

Ce que je veux écrire ici, c’est un compte-rendu de ce qui nous est arrivé d’un moment A à un moment B. Ce n’est pas un « roman ». Nique les romans. Qui peut écrire aujourd’hui un truc comme un roman ? Après Proust ? Après Joyce ? Après Blanchot ? J’arrête là. C’est donc juste un compte-rendu écrit à la première personne. Un compte-rendu de choses sans guère d’importance. Vous n’y trouverez rien d’exceptionnel. Ce n’est pas une tentative pour montrer que la réalité dépasse la fiction. Si vous préférez, on peut dire aussi que c’est le compte-rendu d’une bataille perdue. Mais comme il n’y a pas ici de drame, il n’y a pas non plus de climax ou de catharsis. Bon, pour être exact, ce n’est pas un compte-rendu. Cela peut sembler bête de le dire mais l’écriture n’est pas un moyen de faire une copie de la réalité. Si l’on se décide à utiliser le mot « mensonge », l’écriture est en soi inévitablement mensonge. Moi, je ne fais que transcrire la réalité. Je le jure. Je n’ai pas l’intention d’écrire sur autre chose ; je n’ai pas les capacités pour écrire sur autre chose. Mais ça, c’est des mensonges. J’écris des mensonges.